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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Carmela lui jeta un regard de côté : le tigrero souriait, elle se décida à parler.

— Déjà, plusieurs fois, le hasard a amené à la venta le capitaine Melendez : c’est un véritable caballero, doux, poli, honnête, prévenant, dont jamais nous n’avons eu à nous plaindre, Lanzi vous le dira.

— J’en suis convaincu, mon enfant, le capitaine Melendez est bien ainsi que tu le dépeins.

— N’est-ce pas ? fit-elle vivement.

— Oui, c’est un vrai caballero, malheureusement il n’existe pas beaucoup d’officiers comme lui dans l’armée mexicaine.

— Ce matin, la conducta est partie, escortée par le capitaine ; deux ou trois individus de mauvaise mine étaient demeurés à la venta, ils virent partir les soldats avec un sourire narquois, puis ils s’attablèrent, se mirent à boire et commencèrent à vouloir me tenir des propos inconvenants et à me dire de ces paroles qu’une jeune fille honnête ne doit pas entendre, me faisant même des menaces.

— Ah ! interrompit Tranquille en fronçant les sourcils, les connais-tu, ces drôles ?

— Non, mon père, ce sont de ces rôdeurs de frontières comme il n’y en a que trop de ce côté-ci ; mais, bien que je les aie vus plusieurs fois je ne sais pas leurs noms.

— Peu importe, je les découvrirai, ne t’en inquiète pas.

— Oh ! mon père, vous auriez tort de vous tourmenter pour cela, je vous jure.

— Bon, bon, c’est mon affaire.

— Heureusement pour moi, sur ces entrefaites il arriva un cavalier dont la présence suffit pour im-