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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

L’Américain fit la grimace.

— Drôle de façon amiable que vous avez de traiter les affaires, dit-il.

— C’est votre faute, mon ami, si nous ne nous sommes pas entendus tout d’abord, vous avez été un peu vif, convenez-en.

— Enfin, n’en parlons plus, ce qui est fait est fait.

— Vous avez raison, revenons à notre affaire ; malheureusement je suis pauvre, sans cela, je vous donnerais quelques centaines de piastres, et tout serait dit.

Le marchand se gratta la tête.

— Écoutez, fit-il, je ne sais pourquoi, mais malgré ce qui s’est passé entre nous, et peut-être à cause de cela même, je ne voudrais pas que nous nous séparions dans de mauvais termes, d’autant plus que pour être franc je tiens fort peu à Quoniam.

— Qu’est-ce que c’est que cela, Quoniam ?

— C’est le nègre.

— Ah ! fort bien, drôle de nom que vous lui avez donné là ; enfin n’importe, vous dites donc que vous tenez fort peu à lui ?

— Ma foi, oui.

— Alors pourquoi lui appuyez-vous une chasse aussi acharnée avec accompagnement de chiens et de rifles ?

— Par amour-propre.

— Oh ! fit le Canadien avec un geste de mécontentement.

— Écoutez-moi, je suis marchand d’esclaves.

— Un fort vilain métier, entre parenthèse, observa le chasseur.