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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Oui et non, mon ami, en ce sens que l’alliance que vous me reprochez n’a jamais existé jusqu’à présent ; mais que, ce matin même, elle a dû être conclue par deux de mes amis avec le Renard-Bleu, un des chefs apaches les plus renommés.

— Hum ! voilà une malheureuse coïncidence.

— Pourquoi cela ?

— Savez-vous ce qu’ont fait cette nuit vos nouveaux alliés ?

— Comment le saurai-je, puisque je ne sais où ils sont et que même je n’ai pas encore la nouvelle officielle du traité passé avec eux ?

— Ah ! eh bien, je vais vous le dire, moi : ils ont attaqué la venta del Potrero et l’ont brûlée de fond en comble.

La prunelle fauve du Jaguard lança un éclair de fureur ; il bondit sur ses pieds en saisissant convulsivement son rifle.

— Vive Dios ! s’écria-t-il d’une voix stridente, ont-ils donc fait cela ?

— Ils l’ont fait, et l’on suppose que c’est à votre instigation.

Le Jaguar haussa les épaules avec dédain.

— Dans quel but ? dit-il. Mais doña Carmela, qu’est-elle devenue ?

— Elle est sauvée, grâce à Dieu !

Le jeune homme poussa un soupir de soulagement.

— Et vous avez cru à une telle infamie de ma part ? dit-il d’un ton de reproche.

— Je ne le crois plus, répondit le chasseur.

— Merci, merci, mais, vive Dieu ! les démons