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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

duite n’est pas aussi infâme que tout porte à le supposer, et qu’un jour il vous sera permis de l’expliquer et de vous disculper aux yeux de tous.

— Oh ! s’il m’était possible de parler !

— Combien de temps encore croyez-vous être contraint de garder le silence.

— Que sais-je ? Cela tient à des circonstances indépendantes de ma volonté.

— Ainsi vous ne pouvez fixer une époque ?

— Cela m’est impossible : j’ai fait un serment, je dois le tenir.

— Bien, promettez-moi une seule chose.

— Laquelle ?

— De ne pas attenter à la vie du capitaine Melendez.

Le Jaguar hésita.

— Eh bien ? reprit le Cœur-Loyal.

— Je ferai tout pour l’épargner.

— Merci ! Alors se tournant vers Tranquille immobile auprès de lui : Reprenez votre place, frère, lui dit-il, déjeunez sans arrière-pensée avec ce caballero, je vous réponds de lui corps pour corps ; si dans deux mois à compter de ce jour, il ne vous donne pas sur sa conduite actuelle une explication satisfaisante, moi qui ne suis lié par aucun serment je vous révélerai ce mystère qui vous semble et qui est en effet inexplicable pour vous.

Le Jaguar tressaillit, en lançant au Cœur-Loyal un regard investigateur mais qui s’émoussa sur le visage placidement indifférent du chasseur.

Le Canadien hésita pendant quelques secondes,