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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

prodige d’équitation, salua respectueusement, et, portant militairement la main à son chapeau d’ordonnance :

— Dios guarde a Vm, dit-il. Est-ce au capitaine don Juan Melendez que j’ai l’honneur de parler ?

— À lui-même, répondit le capitaine avec étonnement ; que voulez-vous ?

— Pour moi, rien personnellement, reprit le soldat, mais j’ai à remettre à votre seigneurie un pli en main propre.

— Un pli et de quelle part ?

— De la part de l’excellentissime général don José-Maria Rubio, et ce que contient ce pli doit être important, car le général m’a ordonné de faire la plus grande diligence, et j’ai fait quarante-sept lieues en dix-neuf heures, afin d’arriver plus vite.

— Bien, répondit le capitaine, donnez.

Le dragon tira de sa poitrine une large lettre scellée par un cachet de cire rouge, et la présenta respectueusement au capitaine.

Celui-ci la prit, l’ouvrit, mais avant de la lire, il jeta au soldat immobile et impassible devant lui, un regard soupçonneux que le dragon supporta avec une assurance imperturbable.

Cet homme paraissait avoir tout au plus trente ans, sa taille était haute et bien prise ; il portait avec une certaine aisance le costume militaire dont il était revêtu ; ses traits intelligents avaient une expression de finesse et de ruse, rendue plus marquée encore par ses yeux noirs toujours en mouvement et qui ne se fixaient qu’avec une visible hésitation sur le capitaine.

Au total, cet individu ressemblait à tous les soldats