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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

ques qui, depuis quelques mois, avaient pris une certaine gravité et une importance inquiétante pour le gouvernement mexicain.

Mais tout en causant ainsi à bâtons rompus, s’adressant mutuellement des questions dont ils ne se donnaient pas la peine d’écouter les réponses, leur conversation n’avait d’autre but que de cacher la préoccupation secrète qui les agitait.

Dans leur précédente discussion, chacun d’eux avait voulu ruser, cherchant à se tirer mutuellement leurs secrets du cœur, le chasseur manœuvrant pour amener le soldat à une trahison, celui-ci ne demandant pas mieux que de se vendre et agissant en conséquence ; il était arrivé de cet assaut de ruses que tous deux s’étaient trouvés d’égale force et que chacun avait obtenu le résultat qu’il ambitionnait.

Mais là n’était plus positivement la question pour eux ; comme toutes les natures atrophiées, la réussite, au lieu de les satisfaire, avait donné dans leur esprit naissance à une foule de soupçons. John Davis se demandait quelle cause avait engagé le dragon à trahir aussi facilement les siens, sans stipuler de prime abord des avantages importants pour lui-même.

Car tout se cote en Amérique, l’infamie surtout est d’un excellent rapport.

De son côté le dragon trouvait que le chasseur avait bien facilement ajouté foi à ses paroles, et malgré les manières affectueuses de son compagnon, plus il approchait du camp de rôdeurs de frontières plus son malaise augmentait, car il commençait à craindre d’avoir donné tête baissée dans un