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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

sait si vous ne regretterez pas demain la démarche hasardeuse que vous tentez aujourd’hui ?

— C’est possible. Eh bien ! que voulez-vous, j’en courrai les risques ; ma détermination est prise, elle est immuable. Ainsi poussons en avant au nom de Dieu.

— À votre aise, caballero ; avant un quart d’heure vous serez en présence de celui que vous désirez voir, vous vous expliquerez avec lui, ma tâche sera accomplie.

— Et je n’aurai plus que des remercîments à vous adresser, interrompit vivement le soldat ; mais ne demeurons pas plus longtemps ici, nous pouvons attirer l’attention et devenir le but d’une balle, ce dont, pour ma part, je vous avoue que je me soucie médiocrement.

Le chasseur, sans répondre, fit sentir l’éperon à son cheval et ils continuèrent à s’avancer.

Au bout de quelques minutes, ils se trouvèrent dans le cercle de lumière projeté par la flamme des brasiers ; presque aussitôt le bruit sec d’un rifle qu’on arme se fit entendre, et une voix brusque leur cria d’arrêter au nom du diable.

L’injonction pour ne pas être positivement polie n’en était pas moins péremptoire, les deux aventuriers jugèrent prudent de s’y conformer.

Plusieurs hommes armés sortirent alors des retranchements, et l’un d’eux, s’adressant aux étrangers, leur demanda qui ils étaient et ce qu’ils voulaient à une heure aussi indue.

— Qui nous sommes ? répondit l’Américain, des amis ; ce que nous voulons ? entrer au plus vite.

— Tout cela est bel et bon, reprit l’autre, mais si