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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— J’aime mieux mourir, répondit-il.

— Défendez-vous, alors.

Les deux hommes tombèrent en garde. Pendant quelques secondes on entendit un furieux cliquetis de fer. Tout à coup, le capitaine fit voler à dix pas l’arme de son adversaire. Avant que celui-ci fût revenu de sa surprise, l’officier se précipita sur lui et l’enlaça comme un serpent.

Les deux hommes roulèrent sur le sol.

À deux pas derrière se trouvait le précipice.

Tous les efforts du capitaine tendaient à attirer le Jaguar sur la lèvre de l’abîme ; celui-ci, au contraire, cherchait à se délivrer de son adversaire, dont il avait deviné le sinistre projet.

Enfin, après une lutte de quelques minutes, les bras qui serraient le corps du Jaguar se relâchèrent, les mains crispées de l’officier se détendirent, et le jeune homme, réunissant toutes ses forces, parvint à se débarrasser de son ennemi et à se relever.

Mais à peine était-il debout, que le capitaine, qui paraissait épuisé et presque évanoui, bondit comme un tigre, saisit son adversaire à bras-le-corps et lui imprima une secousse terrible.

Le Jaguar, encore étourdi de la lutte qu’il venait de soutenir, chancela et perdit l’équilibre en jetant un grand cri.

— Enfin !… s’écria le capitaine avec une joie féroce.

Les assistants poussèrent une exclamation d’horreur et de désespoir.

Les deux ennemis avaient disparu dans l’abîme.