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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

sergent signe de le suivre, il se prépara à sortir.

— Où voulez-vous donc aller, mon ami ? lui demanda une voix douce et inquiète.

Le capitaine se retourna, sa femme était rentrée dans la salle sans qu’il s’en fût aperçu.

— N’avez vous pas entendu la cloche ? lui dit-il. Quelqu’un demande à entrer.

— Oui, j’ai entendu, mon ami, répondit-elle, mais est-ce donc à vous d’aller ouvrir à cette heure ?

— Mistress Watt, répondit froidement mais fermement le capitaine, je suis le chef de cette colonie, c’est justement à cette heure que je dois ouvrir, parce qu’il peut y avoir danger à le faire et qu’il faut que je donne à tous l’exemple du courage et de l’accomplissement du devoir.

En ce moment, la cloche tinta une seconde fois.

— Partons, ajouta le capitaine en se tournant vers le sergent.

La jeune femme ne répondit pas ; elle se laissa tomber sur un siége, pâle et frémissante d’inquiétude.

Cependant le capitaine était sorti suivi de Bothrel et de quatre chasseurs, tous armés de rifles.

La nuit était obscure, il n’y avait pas une étoile au ciel qui était noir comme de l’encre, à deux pas devant soi il était impossible de distinguer les objets, une brise froide mugissait sourdement. Bothrel avait décroché une lanterne afin de se guider dans les ténèbres.

— Comment se fait-il, dit le capitaine, que la sentinelle placée au pont-levis n’ait pas crié qui vive ?

— Peut-être a-t-elle craint de donner l’alarme, sachant que de la tour nous entendrions le son de la cloche.