Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/155

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— Il est bien malade, dit le chasseur.

— Il est perdu, répondit le Cœur-Loyal en secouant la tête.

Cependant le blessé avait repris quelques forces.

— Mon Dieu ! dit-il d’une voix faible et entrecoupée, mourir, je vais mourir.

— Espérez, lui dit doucement Belhumeur.

Une rougeur fugitive colora les joues pâles du blessé, un sourire triste crispa le coin de ses lèvres.

— Pourquoi vivrais-je ? répondit-il, les Indiens ont massacré tous mes compagnons après les avoir horriblement mutilés, la vie serait une trop lourde charge pour moi.

— Si avant de mourir vous désirez quelque chose qu’il soit en notre pouvoir de faire, parlez, et, foi de chasseurs, nous le ferons.

Les yeux du mourant étincelèrent d’une lueur fauve.

— Votre gourde ? dit-il à Belhumeur.

Celui-ci la lui donna.

Le blessé but avidement, son front se couvrit d’une sueur moite, et une rougeur fébrile enflamma son visage qui prit alors une expression effrayante.

— Écoutez, dit-il d’une voix rauque et saccadée, c’est moi qui commandais ici ; les Indiens, aidés par un misérable métis qui nous a vendus à eux, ont surpris le village.

— Le nom de cet homme ? fit vivement le chasseur.