Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/157

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s’empara de nous, nous nous ruâmes les uns contre les autres, et dans les ténèbres, sous une masse de décombres, commença un combat hideux qui ne devait se terminer que par la mort de tous les combattants. Combien dura-t-il de temps ? Je ne saurais le dire. Déjà je sentais que la mort qui avait saisi tous mes compagnons allait aussi s’emparer de moi, lorsque vous êtes venus la retarder de quelques minutes. Dieu soit loué ! je ne mourrai pas sans vengeance.

Après ces mots prononcés d’une voix presque inarticulée, il y eut un silence funèbre entre ces trois hommes, silence interrompu seulement par le râle sourd du mourant, dont l’agonie commençait.

Tout à coup le capitaine se raidit avec force, il se redressa et fixant un regard sanglant sur les chasseurs :

— Les sauvages qui m’ont attaqué appartiennent à la nation des Comanches, dit-il, leur chef se nomme la Tête-d’Aigle, jurez de me venger en loyaux chasseurs.

— Nous le jurons ! s’écrièrent les deux hommes d’une voix ferme.

— Merci ! murmura le capitaine ; et tombant brusquement en arrière, il resta immobile.

Il était mort.

Son visage crispé et ses yeux ouverts conservaient encore l’expression de haine et de désespoir qui l’avaient animé à son dernier moment.