Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/183

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elle n’avait pas songé à se rendre compte, avait germé dans son cœur de jeune fille, avait grandi peu à peu et en quelques jours à peine s’était emparé de tout son être.

L’image du chasseur était incessamment présente à sa pensée, ceinte de cette auréole grandiose que donne une énergie invincible à l’homme qui lutte corps à corps contre un danger immense et l’oblige à reconnaître sa supériorité. Elle se plaisait à rappeler dans son esprit prévenu les différentes péripéties de cette tragédie de quelques heures, pendant lesquelles le chasseur avait joué le plus grand rôle.

Sa mémoire implacable, comme celle de toutes les jeunes filles pures encore, lui retraçait avec une fidélité inouïe les moindres détails de ces phases sublimes.

En un mot elle reconstruisait par la pensée la série d’événements auxquels le chasseur s’était subitement mêlé et qu’il avait, grâce à son indomptable courage et sa présence d’esprit, dénoués d’une façon si heureuse pour ceux qu’il était tout à coup venu secourir à l’instant où tout espoir leur était enlevé.

La manière brusque dont le chasseur était parti, dédaignant les remerciements les plus simples et ne paraissant plus songer à ceux qu’il avait sauvés, avait froissé la jeune fille, elle était piquée plus qu’on ne saurait dire de cette indifférence réelle