Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/192

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le déjeuner que tu m’offres de si bonne grâce ne se fasse pas attendre, je suis pressé.

— Je ne vous demande que quelques minutes, répondit-elle en rentrant dans la tente.

— Va pour quelques minutes, dit-il en la suivant.

La jeune fille frappa dans ses mains avec joie.

En un clin d’œil, le déjeuner fut prêt et le général se mit à table avec sa nièce.

Tout en servant son oncle et en ayant bien soin qu’il ne manquât de rien, la jeune fille le regardait en dessous d’un air embarrassé, et cela avec tant d’affectation, que le vieux soldat finit par s’en apercevoir.

— Voyons, dit-il en s’arrêtant et en la considérant, vous avez quelque chose à me demander, Lucila ; vous savez bien que j’ai l’habitude de ne rien vous refuser.

— C’est vrai, mon oncle ; mais cette fois je crains que vous ne soyez plus difficile à convaincre.

— Ah bah ! fit joyeusement le général, c’est donc une chose bien grave ?

— Au contraire, mon oncle ; cependant je vous avoue que je crains que vous ne me refusiez.

— Va toujours, mon enfant, répondit le vieux soldat, qui ne tutoyait sa nièce que dans ses moments d’épanchement, parle sans crainte ; lorsque tu m’auras dit ce dont il s’agit, je te répondrai.

— Eh bien, mon oncle, fit en rougissant la jeune