Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/206

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mettant en selle d’un bond, s’était avancé au-devant des Mexicains, auprès desquels il se trouvait déjà.

— Mon rancho est à quelques pas d’ici, dit-il au général, si la señorita veut goûter d’une bosse de bison bien assaisonnée, je suis en mesure de lui faire cette galanterie.

— Je vous remercie, caballero, répondit en souriant la jeune fille, je vous avoue qu’en ce moment j’ai plus besoin de repos que d’autre chose.

— Chaque chose viendra en son temps, dit sentencieusement le trappeur, permettez-moi, pour quelques instants, de remplacer votre guide.

— Nous sommes à vos ordres, dit le général, marchez, nous vous suivons.

— En route donc, fit le trappeur qui se plaça en tête de la petite troupe. En ce moment ses yeux tombèrent par hasard sur le guide, ses épais sourcils se froncèrent : hum ! murmura-t-il entre ses dents, que signifie cela ? Nous verrons, ajouta-t-il.

Et, sans plus paraître s’occuper de cet homme, sans avoir l’air de le reconnaître, il donna le signal du départ.

Après avoir quelque temps marché silencieusement sur le bord d’un ruisseau assez large, le trappeur fit un brusque crochet, et s’en éloigna subitement en s’enfonçant de nouveau dans la forêt.

— Je vous demande pardon, dit-il, de vous faire faire ce détour, mais il y a ici un étang à castors, et je crains de les effaroucher.