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II

L’HACIENDA DEL MILAGRO


Les environs d’Hermosillo sont de véritables déserts.

Le chemin qui conduit de cette ville à l’hacienda del Milagro – ferme du Miracle – est des plus tristes et des plus arides.

L’on ne voit, à de rares intervalles, que des arbres à bois de fer, des gommiers, des arbres du Pérou aux grappes rouges et pimentées, des nopals et des cactus, seuls arbres qui peuvent croître dans un terrain calciné par les rayons incandescents d’un soleil perpendiculaire.

De loin en loin apparaissent comme une amère dérision les longues perches des citernes ayant un seau de cuir tordu et racorni à une extrémité et à l’autre des pierres attachées par des lanières ; mais les citernes sont taries et le fond n’est plus qu’une croûte noire et vaseuse dans laquelle une myriade d’animaux immondes prennent leurs ébats ; des tourbillons d’une poussière fine et impalpable soulevés par le moindre souffle d’air saisissent à la gorge le voyageur haletant, et sous chaque brin d’herbe desséché les cigales appellent avec fureur la rosée bienfaisante de la nuit.