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XIX

LE CONSEIL DES GRANDS CHEFS.


Cependant malgré la conversation orageuse qu’il avait eue avec nô Eusébio, la Tête-d’Aigle avait continué à traiter ses prisonniers avec la plus grande douceur, et cette délicatesse inouïe de procédés qui sont innés dans la race rouge et que l’on serait loin d’attendre de la part d’hommes que, sans aucune raison plausible, à notre avis, l’on flétrit du nom de sauvages.

Il est un fait qui mérite d’être consigné et sur lequel on ne saurait trop s’appesantir, c’est la façon dont les Indiens généralement traitent leurs prisonniers ; loin de leur infliger d’inutiles tortures et de les tourmenter sans cause, comme on l’a trop souvent répété, ils ont pour eux les plus grands égards et paraissent en quelque sorte compatir à leur malheur.

Dans la circonstance dont nous parlons, la détermination sanguinaire de la Tête-d’Aigle à l’égard de la mère du Cœur-Loyal n’était qu’une exception dont la raison se trouvait naturellement dans la haine vouée par le chef indien au chasseur.

La séparation des deux prisonniers fut des plus