Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/276

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À chaque coup de feu la pauvre créature, repliée sur elle-même, ne donnait signe de vie que par un frémissement nerveux qui agitait tout son corps.

— Finissons-en, dit la Tête-d’Aigle, qui sentait malgré lui s’amollir son cœur de bronze devant tant de courage et d’abnégation. Les guerriers comanches ne sont pas des jaguars, cette femme a assez souffert, qu’elle meure et que tout soit dit.

Quelques murmures se firent entendre parmi les squaws et les enfants, qui étaient les plus acharnés au supplice de la prisonnière.

Mais les guerriers furent de l’avis du chef, cette exécution privée des insultes que la victime adresse ordinairement à ses vainqueurs était pour eux sans attrait, et puis ils étaient intérieurement honteux de s’acharner ainsi après une femme.

On fit donc grâce à la malheureuse des esquilles de bois enfoncées sous les ongles, des mèches soufrées attachées entre les doigts, du masque de miel appliqué sur le visage afin que les abeilles viennent le piquer, d’autres tortures encore, trop longues à énumérer, et l’on prépara le bûcher sur lequel elle devait être brûlée.

Mais avant de procéder au dernier acte de cette atroce tragédie, on détacha la pauvre femme ; pendant quelques instants, on la laissa reprendre haleine et se remettre des émotions terribles qu’elle avait éprouvées.