Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/279

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Loyal avec désespoir, comme vous avez dû souffrir, mon Dieu !

— Va-t’en ! va-t’en ! Rafaël, répétait-elle en l’accablant de caresses, laisse-moi mourir à ta place, une mère ne doit-elle pas donner sa vie pour son enfant ?

— Oh ! ne parlez pas ainsi, ma mère ! vous me rendriez fou ! dit le jeune homme en la pressant dans ses bras avec désespoir.

Cependant l’émotion causée par l’irruption subite du Cœur-Loyal s’était dissipée, les guerriers indiens avaient repris cette impassibilité qu’ils affectent en toutes circonstances.

La Tête-d’Aigle s’avança vers le chasseur.

— Mon frère est le bienvenu, dit-il, je ne l’attendais plus.

— Me voici, il m’a été impossible d’arriver plus tôt, ma mère est libre, je suppose ?

— Elle est libre.

— Elle peut se retirer où elle voudra ?

— Où elle voudra.

— Non, s’écria la prisonnière, en se plaçant résolument en face du chef indien, il est trop tard, c’est moi qui dois mourir, mon fils n’a pas le droit de prendre ma place.

— Ma mère, que dites-vous ?…

— Ce qui est juste, Rafaël, reprit-elle avec animation ; l’heure à laquelle vous deviez arriver est passée, vous n’avez pas le droit d’être ici, et