Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/290

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telle avait été mon intention. Je vais vous prouver ce dont je suis capable et de quelle façon je comprends le courage d’un guerrier. Que je fasse un signe, cette femme et cet enfant auront vécu.

— Oui, appuya Belhumeur.

Un frisson parcourut les rangs de l’assemblée. La Tête-d’Aigle sentit une sueur froide perler à ses tempes.

Le Cœur-Loyal garda un instant de silence en fixant sur les Indiens un regard d’une expression indéfinissable ; puis, haussant les épaules avec dédain, il jeta ses armes à ses pieds, et, croisant les bras sur sa large poitrine, il se tourna vers le Canadien.

— Belhumeur, dit-il d’une voix calme et parfaitement accentuée, rendez la liberté à ces deux pauvres créatures.

— Y songez-vous ? s’écria le chasseur tout interloqué ; ce serait votre arrêt de mort !

— Je le sais.

— Eh bien ?

— Je vous en prie.

Le Canadien ne répondit pas, il commença à siffler entre ses dents, tirant son couteau, il trancha d’un coup les liens qui attachaient ses captifs, qui bondirent comme des jaguars et allèrent en poussant des hurlements de joie se cacher au milieu de leurs amis, puis il remit son couteau à sa ceinture, jeta ses armes, descendit de cheval et se plaça résolument auprès du Cœur-Loyal.