Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/292

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chasseurs, il leur dit d’une voix émue, qui contrastait avec l’apparence impassible et indifférente qu’il cherchait en vain à prendre :

— Il est vrai, guerriers des visages pâles, que vous avez un grand sens, qu’il adoucit les paroles que vous nous adressez, et que nous vous entendons tous ; nous savons aussi que la vérité ouvre vos lèvres ; il est très difficile que nous autres Indiens, qui n’avons pas la raison des blancs, ne commettions pas, souvent sans le vouloir, des actions répréhensibles ; mais nous espérons que le Cœur-Loyal ôtera la peau de son cœur pour qu’il soit clair comme le nôtre, et qu’entre nous la hache sera enterrée si profondément que les fils des fils de nos petits-fils, dans mille lunes, et cent davantage, ne pourront la retrouver.

Et posant les deux mains sur les épaules du chasseur, il le baisa sur les yeux, en ajoutant :

— Que le Cœur-Loyal soit mon frère !

— Soit ! fit le chasseur heureux de ce dénouement ; désormais j’aurai pour les Comanches autant d’amitié que jusqu’à présent j’ai eu de défiance.

Les chefs indiens se pressèrent autour de leurs nouveaux amis, auxquels ils prodiguèrent, avec la naïveté qui caractérise les natures primitives, les marques d’affection et de respect.

Les deux chasseurs étaient depuis longtemps connus dans la tribu du serpent, leur réputation était faite ; bien souvent pendant la nuit, autour du feu du campement, le récit de leurs exploits avait