— N’hésitez donc pas, reprit le blessé qui avait entendu, le temps presse, j’ai des choses importantes à vous apprendre.
— Soit donc ! murmura le pirate après un moment d’hésitation, et prenant sa gourde, il la porta aux lèvres du guide.
Celui-ci but avidement pendant assez longtemps ; une rougeur fébrile colora les pommettes de ses joues, ses yeux presque éteints s’éclairèrent et brillèrent d’un vif éclat.
— Maintenant, dit-il d’une voix ferme et assez haute, ne m’interrompez pas ; dès que vous me verrez faiblir, vous me ferez boire, peut-être aurai-je le temps de tout vous rapporter.
Le capitaine lui fit un signe d’assentiment, le Babillard commença.
Son récit fut long à cause des faiblesses fréquentes qui le prenaient ; lorsqu’il fut terminé :
— Vous le voyez, ajouta-t-il, cette femme, comme je vous l’ai dit déjà, est un démon, elle a tué Kennedy et moi ; renoncez à sa capture, capitaine, c’est un gibier trop difficile à chasser, vous ne pourrez jamais vous en emparer.
— Bon ! fit le capitaine en fronçant les sourcils, te figures-tu que j’abandonne ainsi mes projets ?
— Bonne chance alors ! murmura le guide, pour moi, mon affaire est faite, mon compte est réglé… Adieu, capitaine, ajouta-t-il avec un sourire étrange,