Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/309

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de la prairie avaient un mouvement oscillatoire qui ne leur était pas naturel.

En effet, il n’y avait pas un souffle dans l’air, une chaleur de plomb pesait sur la nature, les feuilles des arbres, brûlées par les rayons du soleil, étaient immobiles, seules les hautes herbes agitées par un mouvement lent et mystérieux continuaient à osciller sur elles-mêmes.

Et, chose extraordinaire, ce mouvement presque imperceptible et qu’il fallait une certaine attention pour reconnaître, n’était pas général, au contraire, il était successif, se rapprochant peu à peu du camp avec une régularité qui laissait deviner une impulsion pour ainsi dire organisée ; de façon qu’à mesure qu’il se communiquait aux herbes les plus rapprochées, les plus éloignées rentraient peu à peu dans une immobilité complète, dont elles ne sortaient plus.

Les sentinelles placées aux retranchements ne savaient à quoi attribuer ce mouvement auquel elles ne comprenaient rien.

Le général, en soldat expérimenté, résolut de savoir à quoi s’en tenir, quoiqu’il n’eût jamais eu affaire personnellement aux Indiens, il avait trop entendu parler de leur manière de combattre pour ne pas soupçonner quelque fourberie.

Ne voulant pas dégarnir le camp qui avait besoin de tous ses défenseurs, il résolut de tenter lui-même l’aventure et d’aller à la découverte.