Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/32

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et ôtant son chapeau, c’est-à-dire soixante-quinze têtes de plus que l’année passée ; nos voisins les jaguars et les Apaches ne nous ont pas causé de grands dommages, cette saison.

— Grâce à vous, nô Eusébio, répondit don Ramon, votre vigilance a été extrême, je saurai vous en récompenser.

— Ma meilleure récompense est la bonne parole que Votre Seigneurie vient de me dire, répondit le mayoral, dont le rude visage s’éclaira d’un sourire de satisfaction, ne dois-je pas veiller sur ce qui vous appartient avec le même soin que si tout était à moi ?

— Merci, reprit le gentilhomme avec émotion en serrant la main de son serviteur, je sais que vous m’êtes dévoué.

— À la vie et à la mort, mon maître, ma mère vous a nourri de son lait, je suis à vous et à votre famille.

— Allons ! allons ! nô Eusébio, dit gaiement l’hacendero, le souper est prêt, la señora doit être à table, ne la laissons pas nous attendre plus longtemps.

Sur ce, tous deux entrèrent dans le patio et nô Eusébio, ainsi que don Ramon l’avait nommé, se prépara, comme il le faisait chaque soir, à fermer les portes.

Pendant ce temps don Ramon entra dans la salle à manger de l’hacienda, où tous les vaqueros et les péons étaient réunis.

Cette salle à manger était meublée d’une immense