Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/320

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ombre vint tout à coup se placer entre le soleil et lui et projeter son reflet sur les plantes qu’il classait avec tant de soin.

Machinalement il leva la tête.

Un homme, appuyé sur un long rifle, était arrêté devant lui et le considérait avec une attention goguenarde.

Cet homme était l’Élan-Noir.

— Hé ! hé ! dit-il au docteur, que faites-vous donc là, mon brave monsieur ? Le diable m’emporte, en voyant ainsi remuer les herbes, j’ai cru qu’il y avait un chevreuil dans le fourré, et j’ai été sur le point de vous envoyer une balle.

— Diable ! s’écria le docteur en le regardant avec effroi, faites-y attention, vous auriez pu me tuer, savez-vous ?

— Parbleu ! reprit le trappeur en riant, mais ne craignez rien, j’ai reconnu mon erreur à temps.

— Dieu soit loué !

Et le docteur, qui venait d’apercevoir une plante rare, se baissa vivement pour la saisir.

— Vous ne voulez donc pas me dire, continua le chasseur, ce que vous faites là ?

— Vous le voyez bien, mon ami.

— Moi, je vois que vous vous amusez à arracher les mauvaises herbes de la prairie, voilà tout, et je me demande à quoi cela peut vous servir ?

— Oh ! l’ignorance ! murmura le savant, et il ajouta tout haut avec ce ton de condescendance