Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/322

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homme sensé se résolût ainsi de gaieté de cœur à supporter une vie de privation et de périls, dans le but inqualifiable pour lui d’arracher des plantes qui ne servent à rien, aussi en vint-il au bout d’un instant à se persuader que le savant était fou. Il lui lança un regard de commisération en hochant la tête, et, plaçant son rifle sur son épaule, il se prépara à continuer sa route.

— Allons ! allons ! dit-il de ce ton que l’on emploie pour parler aux enfants et aux aliénés, vous avez raison, mon brave monsieur, arrachez, arrachez, vous ne faites tort à personne, et il en restera toujours assez. Bonne chance et au revoir !

Et sifflant ses chiens, il fit quelques pas, mais revenant presque aussitôt :

— Encore un mot, fit-il en s’adressant au docteur, qui déjà ne pensait plus à lui et s’était remis avec ardeur à la besogne que l’arrivée du chasseur l’avait forcé d’interrompre.

— Dites, répondit-il en levant la tête.

— J’espère que la jeune dame qui est venue visiter hier mon hatto en compagnie de son oncle se porte bien, hein ? Pauvre chère enfant, vous ne pouvez vous imaginer combien je m’intéresse à elle, mon brave monsieur.

Le docteur se releva subitement en se frappant le front.

— Étourdi que je suis ! dit-il, je l’avais complètement oublié !