Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/334

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Lorsque les deux hommes furent à trois pas l’un de l’autre, ils s’arrêtèrent, le Cœur-Loyal prit la parole :

— Le maître de la vie, dit-il, voit dans nos cœurs, il sait qu’au milieu de nous le chemin est beau et ouvert, et que les paroles que souffle notre poitrine et que prononce notre bouche sont sincères ; les chasseurs blancs viennent visiter leurs frères rouges.

— Qu’ils soient les bienvenus, répondit cordialement la Tête-d’Aigle en s’inclinant, avec la grâce et la noblesse majestueuse qui caractérise les Indiens.

Après ces paroles, les Comanches et les chasseurs déchargèrent leurs armes en l’air, en poussant de longs cris de joie.

Alors toute étiquette fut bannie, les deux troupes se mêlèrent et se confondirent si bien qu’au bout de quelques minutes elles n’en formaient plus qu’une seule.

Cependant le Cœur-Loyal qui savait, d’après ce que lui avait dit l’Élan-Noir, combien les moments étaient précieux, avait pris la Tête-d’Aigle à part et lui avait franchement expliqué ce qu’il attendait de sa tribu.

Le chef sourit à cette demande.

— Mon frère sera satisfait, dit-il, qu’il attende un peu.

Quittant alors le chasseur, il rejoignit les autres chefs.