Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/34

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qui n’avait rien d’humain cria à deux reprises différentes :

— À moi !… à moi !…

— Sang du Christ ! s’écria don Ramon en s’élançant hors de la salle, on égorge quelqu’un dans la plaine.

Deux coups de feu retentirent presque en même temps, un cri d’agonie traversa l’espace, et tout retomba dans un silence sinistre.

Tout à coup un éclair blafard sillonna l’obscurité, le tonnerre éclata avec un fracas horrible et don Ramon reparut sur le seuil de la salle, portant un homme évanoui dans ses bras.

L’étranger fut déposé sur un siège, l’on s’empressa autour de lui.

Le visage de cet homme non plus que sa mise n’avaient rien d’extraordinaire, cependant en l’apercevant, Rafaël, le fils aîné de don Ramon, ne put réprimer un geste d’effroi, son visage devint d’une pâleur livide.

— Oh ! murmura-t-il à voix basse, le juez de letras !…

C’était en effet le digne juge que nous avons vu sortir d’Hermosillo en si brillant équipage.

Ses longs cheveux trempés de pluie tombaient sur sa poitrine, ses vêtements étaient en désordre, tachés de sang et déchirés en maints endroits.

Sa main droite serrait convulsivement la crosse d’un pistolet déchargé.