Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/360

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mobiles, mais l’œil et l’oreille au guet, veillaient silencieuses au salut commun.

Dans un compartiment séparé naturellement par un bloc de rochers qui faisaient saillie, deux femmes et un homme, assis sur des sièges grossièrement taillés à coups de hache, causaient à voix basse.

Les deux femmes étaient doña Luz et la mère du Cœur-Loyal, l’homme qui les regardait en fumant sa cigarette en paille de maïs, et en se mêlant parfois à la conversation, par une interjection arrachée soit à la surprise, soit à l’admiration, soit à la joie, était nô Eusébio, le vieux serviteur espagnol, dont nous avons souvent parlé dans le cours de ce récit.

À l’entrée de ce compartiment, qui formait une espèce de chambre séparée dans la caverne, un autre homme se promenait de long en large les mains derrière le dos en sifflotant entre ses dents, un air qu’il composait probablement au fur et à mesure.

Celui-là était l’Élan-Noir.

Le Cœur-Loyal, la Tête-d’Aigle et Belhumeur étaient absents.

La conversation des deux femmes paraissait beaucoup les intéresser, la mère du chasseur échangeait souvent des regards significatifs avec son vieux serviteur, qui avait laissé éteindre sa cigarette, et la fumait machinalement ainsi, sans s’en apercevoir.

— Oh ! dit la vieille dame, en joignant les mains avec ferveur et en levant les yeux au ciel, le doigt de Dieu est dans tout ceci.