Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/362

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— Et sur quoi l’interrogeait-il, mon enfant, vous le rappelez-vous ?

— Mon Dieu, madame, je vous avouerai à ma honte, répondit la jeune fille en rougissant légèrement, que je ne prêtais pas grande attention à ces conversations, qui, je le pensais du moins, ne devaient m’intéresser que fort peu. Moi pauvre enfant, dont jusqu’ici la vie s’est écoulée triste et monotone, et qui n’ai vu le monde qu’au travers des grilles de mon couvent, j’admirais la nature grandiose qui avait comme par enchantement surgi devant moi, je n’avais pas assez d’yeux pour contempler ces merveilles et j’adorais le Créateur dont la puissance infinie m’était révélée tout à coup.

— C’est vrai, chère enfant, pardonnez-moi ces questions qui vous fatiguent et dont vous ne pouvez saisir la portée, dit la bonne dame en la baisant au front, si vous le désirez nous parlerons d’autre chose.

— Comme il vous plaira, madame, répondit la jeune fille en lui rendant son baiser, je suis heureuse de causer avec vous, et quelque sujet que vous choisissiez, j’y trouverai toujours un grand intérêt.

— Mais nous bavardons, nous bavardons, et nous ne songeons pas à mon pauvre fils, qui est absent depuis ce matin, et qui d’après ce qu’il m’avait dit devrait être déjà de retour.

— Oh ! pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé ! s’écria doña Luz avec effroi.