Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/364

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— Je ne dis pas cela, mon enfant, répondit la pauvre mère avec un soupir étouffé, dans ce monde qui peut se flatter d’être heureux ? chacun a ses peines qu’il doit porter, le Tout-Puissant mesure le fardeau, suivant les forces de chaque homme.

Un certain mouvement s’opéra dans la grotte ; plusieurs hommes entrèrent.

— Voici votre fils, madame, dit l’Élan-Noir.

— Merci, mon ami, répondit-elle.

— Oh ! tant mieux ! fit doña Luz en se levant avec joie.

Mais honteuse de ce mouvement inconsidéré, la jeune fille se laissa retomber confuse et toute rougissante sur son siège.

C’était en effet le Cœur-Loyal qui arrivait, mais il n’était pas seul. Belhumeur et la Tête-d’Aigle l’accompagnaient ainsi que plusieurs trappeurs.

Aussitôt dans la grotte, le jeune homme se dirigea à grands pas vers le réduit où sa mère se tenait, il la baisa au front, se tournant ensuite vers doña Luz, il la salua avec un certain embarras qui ne lui était pas naturel, et que la vieille dame remarqua.

La jeune fille lui rendit un salut non moins embarrassé que le sien.

— Eh bien, dit-il d’un air enjoué, vous êtes-vous bien ennuyées en m’attendant, mes nobles prisonnières ? Le temps a dû vous sembler horriblement long dans cette grotte ; pardonnez-moi de vous avoir re-