Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/377

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— Le mot est rude, madame.

— Pardonnez-le, je vous prie, monsieur, s’il peut vous blesser, mais je ne suis pas encore complètement remise des terreurs que vous m’avez causées, terreurs que votre démarche d’aujourd’hui redouble encore au lieu de les diminuer ; veuillez donc sans plus tarder me faire connaître vos intentions.

— Je suis désespéré d’être aussi mal compris de vous, madame, n’attribuez, je vous en supplie, tout ce qui est arrivé, qu’à la violence de la passion que j’éprouve et croyez…

— Monsieur, vous m’insultez ! interrompit la jeune fille en se redressant avec hauteur ; que peut-il y avoir de commun entre moi, et un chef de bandits ?

À cette sanglante insulte, une rougeur fébrile envahit le visage du pirate, il mordit sa moustache avec colère, mais faisant un effort sur lui-même, il refoula au fond de son cœur les sentiments qui l’agitaient et répondit d’une voix calme et respectueuse :

— Soit, madame, accablez-moi, je l’ai mérité.

— Est-ce donc pour me débiter ces lieux communs que vous avez exigé ma présence, monsieur ? En ce cas vous trouverez bon que je me retire ; une fille de mon rang n’est pas habituée à de telles manières, ni à prêter l’oreille à de tels discours.

Elle fit un mouvement pour rejoindre la mère du Cœur-Loyal, qui de son côté s’avança vers elle.