Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au lever du soleil le reste de la troupe arriva.

Ils étaient encore trente !

Le digne chef sentit son cœur se dilater de joie, à la vue de la riche collection de coquins, dont il pouvait encore disposer. Avec eux il ne désespéra pas de rétablir ses affaires et de prendre bientôt une éclatante revanche.

Après un copieux déjeuner composé de venaison largement arrosée de mezcal, le capitaine songea enfin à s’occuper de ses prisonniers.

Il se rendit à la salle qui leur servait de cachot. Depuis qu’il était tombé aux mains des bandits, le général était resté silencieux, insensible en apparence aux mauvais traitements auxquels il était en butte.

Les blessures qu’il avait reçues, complètement négligées, s’étaient envenimées, elles le faisaient horriblement souffrir, mais il ne proférait pas une plainte.

Un chagrin cuisant le minait depuis qu’il était prisonnier, il voyait renversé, sans espérance de pouvoir le remettre un jour à exécution, le projet qui l’avait amené dans les prairies.

Tous ses compagnons étaient morts, lui-même ne savait quel sort l’attendait.

La seule chose qui apportait une légère consolation à ses peines, c’était la certitude que sa nièce avait réussi à s’échapper.