Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/445

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tendresse, ton idée est charmante, mais elle est impraticable ; je serais heureux et fier d’avoir un fils comme le Cœur-Loyal, toi-même me l’as dit, sa mère l’adore, elle doit être jalouse de son amour, jamais elle ne consentira à le partager avec un étranger.

— Peut-être ! murmura-t-elle.

— Et puis, ajouta le général, quand même, ce qui est impossible, sa mère par amour pour lui, afin de lui donner un rang dans la société, accepterait, les mères sont capables des plus nobles sacrifices pour assurer le bonheur de leurs enfants, il refuserait, lui ; crois-tu donc, chérie, que cet homme élevé dans le désert, dont toute la vie s’est passée au milieu de scènes imprévues et saisissantes, en face d’une nature sublime, consentira, pour un peu d’or qu’il méprise et un nom qui lui est inutile, à renoncer à cette belle vie d’aventure si pleine d’émotions douces et terribles qui est devenue un besoin pour lui ? Non, non, il étoufferait dans nos villes ; à une organisation d’élite comme la sienne, notre civilisation serait mortelle, oublie cette idée, chère fille, hélas ! j’en suis convaincu, il refuserait.

— Qui sait ? fit-elle en hochant la tête.

— Dieu m’est témoin, reprit le général avec force, que je serais heureux de réussir, tous mes vœux seraient comblés, mais pourquoi se bercer de folles chimères ? il refusera, te dis-je ! et je suis forcé d’en convenir, il aura raison !