Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/56

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ves et aux féroces Indiens, qui seuls peuplent ces solitudes.

— Il était coupable ! répondit l’hacendero d’une voix basse mais ferme.

— Un enfant n’est jamais coupable pour celle qui l’a porté dans son sein et nourri de son lait, fit-elle avec énergie ; très bien, don Ramon, vous avez condamné votre fils, moi, je le sauverai !

— Que voulez-vous faire ? dit l’hacendero effrayé de la résolution qu’il vit briller dans l’œil de sa femme.

— Que vous importe ? don Ramon, j’accomplirai mon devoir comme vous avez cru devoir accomplir le vôtre ! Dieu jugera entre nous ! tremblez qu’il ne vous demande compte un jour du sang de votre fils !…

Don Ramon courba la tête sous cet anathème ; le front pâle et l’âme remplie de remords cuisants, il rentra lentement dans l’hacienda.

Doña Jesusita le suivit un instant des yeux.

— Oh ! s’écria-t-elle ! mon Dieu ! faites que j’arrive à temps.

Alors elle sortit, suivie de Nô Eusébio.

Deux chevaux les attendaient, cachés derrière un bouquet d’arbres. Ils se mirent en selle.

— Où allons-nous, señora ? demanda le majordome.

— À la recherche de mon fils ! répondit-elle d’une voix éclatante.

Elle semblait transfigurée par l’espérance. Un vif