Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/64

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tête couronnés d’épais sourcils, avaient une expression douce et mélancolique qui en tempérait l’éclat et la vivacité ; le bas de son visage disparaissait sous une barbe longue et touffue, dont la teinte bleuâtre tranchait avec l’étrange pâleur répandue sur ses traits.

Sa taille était haute, élancée, parfaitement proportionnée ; ses membres nerveux, sur lesquels ressortaient des muscles d’une rigidité extrême, montraient qu’il était doué d’une vigueur peu commune. Enfin toute sa personne inspirait cette respectueuse sympathie que les natures d’élite s’attirent plus facilement dans ces contrées que dans nos pays, où l’apparence physique n’est presque toujours que l’apanage de la brute.

Son costume, d’une grande simplicité, se composait d’un mitasse, espèce de caleçon étroit tombant aux chevilles, attaché aux hanches par un ceinturon de cuir, et d’une blouse de chasse en calicot, brodée d’agréments en laine de différentes couleurs, qui lui descendait à mi-jambes. Cette blouse, ouverte par-devant, laissait voir sa poitrine brunie, sur laquelle pendait un scapulaire de velours noir, retenu par une mince chaîne d’acier. Des bottines de peau de daim non tannée le garantissaient des morsures des reptiles, et lui montaient jusqu’au-dessus du genou ; enfin un bonnet de peau de castor, dont la queue tombait par-derrière, couvrait sa tête et laissait échapper de longues boucles d’une luxuriante