Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/68

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afin que la lueur de la flamme ne les empêchât pas de distinguer l’approche des visiteurs suspects que l’obscurité pouvait leur amener, ils fumèrent avec cette béatitude de gens qui après une longue et pénible journée savourent un instant de repos, que peut-être ils ne retrouveront pas de longtemps.

— Eh bien ? dit laconiquement le premier chasseur, entre deux bouffées de tabac.

— Vous aviez raison, répondit l’autre.

— Ah !

— Oui, nous avons trop obliqué sur la droite, c’est ce qui nous a fait perdre la piste.

— J’en étais sûr, reprit le premier ; voyez-vous, Belhumeur, vous vous fiez trop à vos habitudes canadiennes, les Indiens auxquels nous avons affaire ici, ne ressemblent en rien aux Iroquois, qui parcourent les territoires de chasse de votre pays.

Belhumeur inclina la tête en signe d’assentiment.

— Du reste, reprit l’autre, ceci est de peu d’importance en ce moment, l’urgent est de savoir quels sont nos voleurs.

— Je le sais.

— Bon ! fit l’autre en retirant vivement sa pipe de sa bouche ; et quels sont les Indiens qui ont osé voler des trappes marquées de mon chiffre ?

— Les Comanches.

— Je m’en doutais, vive Dieu ! Dix de nos meilleures trappes volées pendant la nuit ! Je vous jure,