Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/72

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qu’à son insu une puissance acceptée et reconnue par les féroces habitants de ces vastes déserts.

Puissance dont il ne se servait que dans l’intérêt commun, et pour faciliter à tous les moyens de se livrer en toute sûreté aux occupations qu’ils avaient adoptées.

Nul ne savait qui était le Cœur-Loyal, ni d’où il venait ; le plus grand mystère couvrait ses premières années.

Un jour, il y avait quinze ou vingt ans de cela, il était tout jeune alors, des chasseurs l’avaient rencontré sur les bords de l’Arkansas en train de tendre des trappes à castors. Les rares questions qui lui avaient été adressées sur sa vie étaient demeurées sans réponse ; les chasseurs, gens peu causeurs de leur nature, croyant soupçonner sous les paroles embarrassées et les réticences du jeune homme, un secret qu’il désirait garder, se firent un scrupule de le presser davantage et tout fut dit.

Cependant au contraire des autres chasseurs ou trappeurs des prairies qui tous ont un ou deux compagnons avec lesquels ils s’associent et qu’ils ne quittent jamais, le Cœur-Loyal vivait seul, n’ayant pas d’habitation fixe, il parcourait dans tous les sens le désert sans planter sa tente nulle part.

Toujours sombre et mélancolique, il fuyait la société de ses semblables, tout en étant prêt, lorsque l’occasion s’en présentait, à leur rendre service et même à exposer sa vie pour eux. Puis lorsqu’on