Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/74

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cette irruption subite à laquelle ils étaient loin de s’attendre, ils restèrent quelques instants immobiles, confondus par tant d’audace.

Sans perdre de temps, Cœur-Loyal avait tranché les liens du prisonnier et lui donnant son couteau que l’autre reçut avec joie, ils se préparèrent tous deux à vendre chèrement leur vie.

Les Blancs inspirent aux Indiens une terreur instinctive invincible. Cependant les Comanches revenus de leur surprise firent un geste pour s’élancer en avant et attaquer les deux hommes qui semblaient les braver.

Mais la lueur du feu qui donnait en plein sur le visage du chasseur avait permis de le reconnaître.

Les Peaux-Rouges reculèrent avec respect en murmurant entre eux :

— Le Cœur-Loyal ! le grand chasseur pâle.

La Tête-d’Aigle, ainsi se nommait le chef des Indiens, ne connaissait pas le chasseur ; c’était la première fois qu’il descendait dans les prairies de l’Arkansas, il n’avait rien compris à l’exclamation de ses guerriers. D’ailleurs, il détestait cordialement les Blancs, auxquels il avait juré de faire une guerre d’extermination. Outré de ce qu’il considérait comme une lâcheté de la part de ceux qu’il commandait, il s’était avancé seul contre le Cœur-Loyal ; mais alors il s’était passé une chose étrange.

Les Comanches s’étaient jetés sur leur chef et malgré leur respect pour lui, ils l’avaient désarmé