Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/77

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mône, je préfère aller me livrer de nouveau aux Comanches, adieu !

Et le Canadien se mit résolument en marche du côté du camp des Indiens.

Le Cœur-Loyal fut ému ; ce jeune homme avait l’air si franc, si naïf, qu’il sentit quelque chose se remuer pour lui dans sa poitrine.

— Arrêtez, dit-il.

L’autre s’arrêta.

— Je vis seul, continua le chasseur, l’existence que vous passerez avec moi sera triste ; un grand chagrin me dévore, pourquoi vous attacher à moi qui suis malheureux ?

— Pour partager votre chagrin, si vous m’en jugez digne, et vous consoler si cela est possible ; l’homme seul risque de tomber dans le désespoir, Dieu lui a ordonné de s’adjoindre des compagnons.

— C’est vrai ! murmura le chasseur indécis.

— À quoi vous arrêtez-vous ? demanda le jeune homme avec anxiété.

Le Cœur-Loyal le considéra un instant avec attention, son œil d’aigle sembla vouloir scruter ses plus secrètes pensées, puis sans doute satisfait de son examen :

— Comment vous nommez-vous ? lui dit-il.

— Belhumeur, répondit l’autre, ou, si vous le préférez, Georges Talbot, mais on ne me donne ordinairement que le premier nom.

Le chasseur sourit.