Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

LA PISTE.


La Tête-d’Aigle, qui voulait être découvert par ses ennemis, n’avait pris aucun soin pour dissimuler sa piste.

Elle était parfaitement visible dans les hautes herbes, et si parfois elle semblait s’effacer, les chasseurs n’avaient qu’à se pencher légèrement de côté pour en retrouver les empreintes.

Jamais dans la prairie l’on n’avait suivi un ennemi de la sorte. Cela devait d’autant plus paraître singulier au Cœur-Loyal, qui de longue date connaissait à fond toutes les ruses des Indiens et savait avec quel talent, lorsqu’ils le jugent nécessaire, ils font disparaître les marques de leur passage.

Cette facilité lui donnait à réfléchir. Pour que les Comanches n’eussent pas pris plus de soin, il fallait qu’ils se crussent bien forts, ou bien qu’ils eussent préparé une embuscade dans laquelle ils espéraient faire tomber leurs trop confiants ennemis.

Les deux chasseurs s’avançaient, jetant de temps en temps un regard à droite ou à gauche afin d’être sûrs de ne pas se tromper, mais la piste allait toujours en ligne droite, sans détours ni circuits