Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/16

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familles, cet accouchement devait demeurer ignoré de tout le monde, me promettant, si je consentais à le suivre et à garder un secret inviolable, qu’une somme considérable me serait comptée.

— Vous avez accepté, et vous êtes venu.

— J’ai accepté et je suis venu, oui, monsieur ; parce que nous autres, médecins nous nous devons à l’humanité ; notre profession nous en fait un devoir ; souvent on requiert notre secours dans des cas semblables à celui-ci ; nous nous rendons sans hésiter à l’appel qui nous est fait, parce que notre présence est non-seulement une garantie, mais encore une consolation pour la malheureuse femme à laquelle nous donnons nos soins ; elle sait que nous protégerons l’enfant qu’elle aura mis au monde ; aussi, je vous le répète, avec ou sans récompense, n’hésitons-nous jamais à nous dévouer.

— Que prétendez-vous conclure de tout ceci, monsieur, s’il vous plaît ? dit le marin d’une voix nerveuse.

— Ma conclusion, la voici, monsieur ; elle est nette et claire : jamais un crime ne sera commis sur une femme à laquelle j’aurai, dans une pareille circonstance, donné mes soins ; son enfant, si son père l’abandonne, sera par moi enlevé et mis en lieu sûr ; voici, monsieur, ce que j’avais, et surtout ce que je tenais à vous dire, afin de vous faire bien comprendre que je ne suis pas, et que je ne serai jamais votre complice.

Le marin se leva et fit deux ou trois tours avec agitation à travers la chambre.

— Enfin, monsieur, dit-il en revenant prendre sa place sur le fauteuil, qui vous fait supposer qu’on veut vous proposer un crime ?

— Je ne suppose rien, monsieur ; j’établis nettement ma position vis-à-vis de vous, afin que, plus tard, il n’y ait pas de malentendus entre nous ; voilà tout ; maintenant j’attends votre confidence.