Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ne pourrez jamais l’être. L’hospitalité que vous avez reçue dans notre patrie, et dont vous conservez un si touchant souvenir, vous rend inviolable à nos yeux.

— Merci pour nous tous, monsieur d’Ogeron, dit Montbarts avec noblesse ; nous nous associons de tout cœur à vos généreuses paroles. Nous saurons nous élever à la hauteur de vos sentiments, et vous exprimer ainsi notre profond respect pour vous, monsieur le duc, ajouta-t-il en s’inclinant avec grâce devant le gentilhomme espagnol ; au nom des Frères de la Côte de Saint-Domingue et de la Tortue, dont j’ai l’honneur d’être l’un des principaux chefs, je vous prie d’agréer les sincères remercîments qu’ils vous adressent, pour les sentiments généreux que vous avez si bien exprimés ; vous avez parlé avec votre cœur, nous apprécions ce qu’il y a de grand et de véritablement noble, dans la détermination que vous avez prise à notre égard. Tant qu’il plaira à S. M. Catholique le roi d’Espagne de vous conserver la vice-royauté du Pérou, les côtes de ce beau pays ne seront jamais visitées par nos bâtiments, que comme amis ou alliés. Au cas où par un hasard que nul ne saurait prévoir, vous auriez besoin de notre concours, vous pourriez y compter, comme nous comptons pleinement sur vos promesses.

— Messieurs, reprit le duc avec élan, ces paroles me comblent de joie. Je vous confirme ce que je vous ai dit. Je bois à vos succès et à notre neutralité.

Depuis le moment où pour la première fois le noble Espagnol avait pris la parole, Bothwell avait affecté de ne pas prêter attention à ce qui se disait. Quand les bouteilles lui arrivaient il les passait nonchalamment sans remplir son verre qui restait vide devant lui. Enfin quand le duc proposa la santé que nous avons enregistrée plus haut, le flibustier anglais retourna son verre sur la table et se renversa sur le dossier de sa chaise en haussant les épaules.

Cet oubli complet des convenances, de la part d’un homme comme Bothwell, surtout à la table de l’homme