Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/295

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avoué ; continue à ne jamais rien me cacher, tu t’en trouveras bien ; c’est entendu, n’est-ce pas ?

— Certes ! s’écria le jeune homme, ne t’ai-je pas aimé depuis le premier moment que je t’ai vu ?

Et il l’embrassa.

— C’est comme moi, dit Vent-en-Panne.

Et tous deux murmurèrent en aparte :

— C’est étrange.


XIV

COMMENT VENT-EN-PANNE ET L’OLONNAIS EURENT UNE EXPLICATION ET CE QUI S’EN SUIVIT

Plusieurs heures s’étaient lentement écoulées depuis que l’Olonnais avait terminé son récit ; la nuit tirait à sa fin, l’aube commençait à faire pâlir la lueur rougeâtre de la lampe qui éclairait la chambre du malade ; pas une parole n’avait été échangée entre les deux matelots.

L’Olonnais étendu sur son lit, la tête tournée du côté du mur, demeurait immobile comme s’il eût été endormi.

Peut-être l’était-il en effet. Le long récit que son ami l’avait contraint à lui faire, en ravivant toutes les douleurs depuis si longtemps enfouies au fond de son cœur, l’avait plongé dans une prostration extrême qui semblait avoir, sinon anéanti, du moins paralysé temporairement ses forces.

Vent-en-Panne, appuyé sur le rebord de la fenêtre ouverte, laissait errer sans but ses regards sur l’im-