Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/30

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prêt à vous la donner, aussi entière et aussi éclatante que vous l’exigerez.

— Voilà de belles paroles, monsieur, malheureusement vos paroles ne répondent que rarement à vos actions ; je ne sais pourquoi j’ai la conviction intime que, lorsque je vous aurai dit ce que j’exige de vous, vous ne me répondrez que par un refus.

— J’en doute, monsieur, car je vous le dis encore, je suis déterminé à vous satisfaire, quoi que vous me demandiez, une seule chose exceptée cependant.

— Ah ! fit le comte avec un ricanement sinistre, une restriction !

— Oui, monsieur, mais une seule ; en tout ce qui m’appartient en propre, qui m’est personnel, en un mot, je vous reconnais le droit d’exiger de moi ce qui vous plaira.

— C’est heureux ! murmura le comte avec amertume.

— Mais, continua le jeune homme, il est un bien auquel je ne puis toucher en aucune façon, parce qu’il n’est pas seulement à moi, mais est la propriété de toute ma famille, et m’a été légué par une longue suite d’ancêtres, pur et sans tache ; ce bien, c’est mon nom, que je ne puis ni souiller, ni avilir, parce que je dois, à mon tour, le léguer à ceux qui me suivront tel que je l’ai reçu.

— Ah ! je le savais ! s’écria fiévreusement le comte ; l’honneur de votre nom ! et l’honneur du mien, ce n’est donc rien à vos yeux ? Ne suis-je pas d’aussi bonne race, d’aussi haute lignée que vous ? Avez-vous pu supposer un instant que cette flétrissure que vous ne voulez pas subir, vous, traître et lâche, je l’accepterais, moi ! moi, que vous avez froidement déshonoré ! Ah ! c’est trop d’outrecuidance, mon gentilhomme !

— Que prétendez-vous donc, monsieur ?

— Ce que je prétends ! s’écria-t-il d’une voix vibrante, je vais vous le dire, monsieur le prince de Montlaur : je prétends vous rejeter à la face l’infamie dont vous