Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/42

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chambre : Vous me renverrez mes hommes à l’endroit convenu, aussitôt que vous n’aurez plus besoin d’eux.

Le docteur Guénaud s’inclina sans répondre, et il sortit.

Pendant quelques instants, on entendit résonner sourdement sur les tapis, les pas lourds et cadencés de ceux qui s’éloignaient, puis le bruit cessa, et le silence se rétablit.

Le comte avait recommencé sa promenade de bête fauve à travers la chambre ; les assistants attendaient, en proie à une anxiété extrême ; ils comprenaient que quelque chose de terrible allait se passer.

— Il faut en finir ! murmurait le comte, tout en marchant, il faut en finir !

Mais malgré lui il hésitait : l’horrible vengeance qu’il méditait l’effrayait lui-même.

Enfin, il s’arrêta brusquement devant M. de Montlaur, et, après l’avoir regardé fixement pendant deux ou trois secondes :

— Êtes-vous prêt ? lui dit-il d’un ton de menace.

— Je suis prêt, répondit laconiquement le prince, tuez-moi !

Le comte hocha la tête à plusieurs reprises.

— Non, dit-il, vous ne mourrez pas ; la mort n’est pas une expiation, c’est une délivrance.

— Faites ce que vous voudrez, je suis entre vos mains ; répondit le jeune homme avec une dignité froide.

— Allez ! dit le comte en faisant un geste.

Quatre hommes s’élancèrent à l’improviste sur le prince de Montlaur, le terrassèrent, sans qu’il essayât de se défendre, lui mirent le buste à nu, le garrottèrent de façon à ce qu’il lui fût impossible de faire le moindre mouvement, puis ils le bâillonnèrent avec un linge mouillé qu’ils lui attachèrent fortement sur la bouche.

— C’est bien, dit le comte ; et maintenant, écoutez-moi, vous tous qui m’entourez, amis ou ennemis, j’ai voulu