Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/19

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— J’ai oublié de vous avertir, reprit en souriant monsieur Ducray, que la cloche sonne quatre fois par jour, pour le déjeuner, le lunchon, le dîner et le souper qui a lieu à huit heures du soir.

— Ah ça, mais vous mangez donc toute la journée ? lui demandai-je en riant.

— À peu près, me répondit-il sur le même ton, nous avons adopté les coutumes anglaises, et vous savez que les Anglais sont grands mangeurs et surtout grands buveurs ; mais que cela ne vous inquiète pas ; ici on ne mange, et on ne boit que lorsqu’on a faim et soif ; ainsi vous voilà averti ; d’ailleurs la cloche sonnée, on n’attend personne pour se mettre à table : vous n’avez donc pas à vous gêner avec nous plus que nous ne nous gênerons avec vous. Il faut en prendre votre parti, cher monsieur, je vous ai bel et bien confisqué à mon profit. Que voulez-vous ? il ne vient pas assez souvent des Français sur cet îlot perdu, pour qu’on les laisse échapper, lorsque, par hasard, quelques-uns se fourvoient dans nos parages. Venez voir mes collections, elles sont fort belles et surtout très-curieuses.

Je le suivis aussitôt.

Ce que monsieur Ducray appelait modestement ses collections était, tout simplement un musée, qui occupait cinq grandes pièces de sa maison ; il avait réuni là avec une patience et une intelligence remarquables, des specimens de la flore si riche et si nombreuse de toutes les Antilles grandes et petites.