Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/204

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ironie ; c’est charmant ! sur mon âme, nous voici revenus au plus beau temps de la Table-Ronde et de la cour du roi Arthur ou de l’empereur Charlemagne. Vive Dios ! je suis tout ému.

La jeune fille courba la tête en rougissant de honte, et d’une voix que l’émotion rendait presque indistincte :

— Je me conformerai à votre volonté, mon père, murmura-t-elle.

— Qui parle de ma volonté, niña ? reprit celui-ci avec une violence contenue. J’ai fait la sottise de promettre à votre galant chevalier que vous serez libre d’accepter ou de refuser sa recherche, libre vous serez, je vous jure ; aucune influence, pas même la mienne, ne s’interposera entre votre timide adorateur et vous ; quittez donc, je vous prie, cet air de victime résignée, qui ne saurait vous convenir, car vous êtes libre, je vous le répète.

— Vous l’entendez, señora, s’écria don Torribio Moreno en saluant respectueusement la jeune fille, votre père confirme mes paroles.

— Vive Dios ! il le faut bien, reprit-il avec un haussement d’épaules dédaigneux. Avez-vous encore quelque chose à dire à ma fille ?

— Rien, non mon ami, si ce n’est de renouveler à la señorita mon humble prière pour me présenter devant elle.

Doña Elmina s’inclina sans répondre.

— Là, vous êtes content ? reprit brusquement don