Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/21

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ques mois ; le capitaine avait apporté un paquet de journaux dont il fit cadeau à monsieur Ducray, qui, ignorant complètement les affaires d’Europe, fut très-flatté de cette occasion de se remettre un peu au courant de notre politique nationale ; puis lorsque les bases d’un emprunt à la grosse, que le capitaine voulait contracter pour parer aux avaries de son bâtiment, eurent été discutées et passées entre lui et le vice-consul, la conversation fit un brusque crochet et tout naturellement tomba sur l’île Saint-Christophe.

Là, monsieur Ducray était sur son terrain, et avec la plus obligeante complaisance, il nous mit au courant des habitudes des créoles de l’île, des plaisirs en très-petit nombre et des ressources très-restreintes que le pays offrait aux étrangers.

— Vous avez plusieurs familles françaises, demanda le capitaine ? Sont-elles riches, bien vues ?

— Elles sont en général fort riches, et très-bien vues des autorités anglaises, bien qu’elles n’aient avec elles que très peu de points de contacts et des rapports excessivement rares, répondit monsieur Ducray. Toutes ces familles sont restées françaises ; aucunes sollicitations, aucunes flatteries n’ont pu les contraindre à accepter la naturalisation anglaise, elles restent obstinément attachées à leur nationalité. Leurs enfants, élevés en France pour la plupart, servent leur pays soit dans la magistrature soit dans la diplomatie, puis leur dette payée