Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/225

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— Moi, rien du tout.

— C’est que tu as une façon de prendre les choses… fit-il en pâlissant malgré lui.

— Je les prends comme je dois les prendre ; l’admire combien le hasard se plaît à te favoriser, tout cela est très-naturel, il me semble. Libre à toi d’interpréter mes paroles à ta guise ; seulement souviens-toi bien de ceci : je ne suis en aucune façon responsable de tes faits et gestes, ni chargé, grâce à Dieu, du soin de ta conscience ; donc tout cela ne me regarde pas, et je m’en lave les mains.

— À la bonne heure !

— Je voulais seulement me bien renseigner afin de ne pas commettre de fautes ou de méprises, toujours regrettables dans le rôle difficile que tu me donnes à jouer dans cette comédie, qui, si elle continue comme elle commence, pourrait bien se changer en tragédie. Maintenant je sais ce qu’il me fallait savoir, tu peux, être tranquille, tu n’auras pas de reproches à m’adresser : je suis prêt, que faisons-nous ? Mais avant tout regarde-moi.

Bon Torribio l’examina avec la plus sérieuse attention.

La métamorphose était complète, rien absolument ne restait de la figure hétéroclite qui, une heure auparavant, était apparue sur le seuil du jacal.

L’aventurier, homme d’une excellente éducation,