Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/237

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— Depuis combien de temps avez-vous quitté Cartagena ?

— Depuis onze jours.

— Envoyez une embarcation à bord avec le capitaine.

Cette seconde manœuvre s’exécuta moins rapidement que la première ; les Espagnols avaient une peur effroyable des flibustiers, qu’ils regardaient littéralement comme des démons vomis par l’enfer ; cependant il fallait s’exécuter.

Une embarcation fut affalée à la mer, plusieurs hommes y descendirent avec une répugnance évidente ; puis cette embarcation déborda et se dirigea vers le corsaire, retardant, par tous les moyens possibles, l’instant de cette redoutable entrevue.

Le commandant se tourna vers son équipage :

— Que chacun demeure à son poste, dit-il ; pas de cris, pas de murmures : je veux que le plus grand ordre et le plus profond silence règnent à bord pendant tout le temps que ce capitaine espagnol sera sur la frégate. Maître d’équipage, continua Ourson, faites placer quatre hommes à la coupée de tribord ; montrons à ces gavachos que nous connaissons les usages maritimes ; qu’on soit paré à lancer une amarre au canot aussitôt qu’il accostera.

Malgré sa lenteur calculée, lenteur que tout autre chef de la flibuste aurait sans doute sévère-